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Le blog de Philippe Renaissance

20 février 2016

Le ruban de Möbius brisé.

Varsovie, le 25 juillet 1942.

Ouah… ouah… ouah… ouah…

Les chiens se rapprochent. Je hais ces bergers allemands, j’en ai une peur viscérale !

J’aimerais tellement être invisible ! Je file devant moi sans trop me demander où je vais. L’important est de fuir pour rester en vie. Je descends la rue Twarda au pas de course. Au numéro 6 j’avise la synagogue Noźyk. Elle est fermée. Les murs sont badigeonnés d’étoiles de David.

Je continue.

La rue Próżna me rappelle d’heureux souvenirs. Si les vieux immeubles de briques rouges pouvaient parler, ils raconteraient la joie de nos batailles enfantines, les jeux de billes. Mon grand-père qui s’emporte contre monsieur Benguigui qui ne comprend pas les intentions nazies. Et puis Rebecca, mon premier amour de jeunesse.

J’arrive bientôt à l’extrémité nord-est du grand ghetto, à l’angle de Bonifraterska et Przebieg. J’aperçois la passerelle. Je sais qu’elle permet de relier les bâtiments situés le long de Bonifraterska aux numéros 25 et 27, vers un immeuble au 31 rue Bonifraterska. Le 31 est mitoyen du dépôt de tramways de Muranów qui donne accès sur le passage OŻliborska. Je dois trouver le côté est, et sauter dans la partie aryenne. Tant pis si je me romps le cou. J’ai un point de côté, un goût de sang dans la bouche, mais l’envie de vivre n’est pas ankylosée. Tout vaut mieux que de vivre dans la peur.

Je vais réussir.

Merde ! Je dérape. Impossible de me relever, à bout de souffle. Je crochète mes doigts dans la terre, je rampe vers l’avant et je recommence. Je suis un homme-serpent.

Je vais réussir.

Les chiens sont sur moi. Ils mordent mes jambes comme s’ils n’avaient rien avalé depuis une semaine. La douleur est intense, elle irradie puis éclate dans tout le corps. Après les crocs, les coups de crosse. Je perçois distinctement : « Dreckiger Jude… DRECKIGER JUDE ! » Les nazis me traînent sur le sol. Je sens que ma peau s’effiloche et que l’on me « désarête » comme un Gefilte fish[1], puis je m’évanouis.

 Je reprends pied sur l’Umschlagplatz[2] à coups de pied dans les côtes. Deux personnes me font monter dans un camion. Nous sommes tassés comme des sardines et résignés.

Au coup de sifflet, nous partons.

 

***

 

Jérusalem, le 25 août 2009.  

Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu…

Voilà que le sifflement strident d’un policier me déchire les oreilles. Apparemment, la police n’apprécie pas notre intifada ! Le bus a les vitres brisées, nous envoyons encore deux trois pierres sur les voyageurs qui sont descendus et nous nous enfuyons à toutes jambes. Je garde une dernière image à l’esprit, un homme en complet-veston sombre dont le crâne est couleur sang. Il fait chaud, mais je suis quand même là. Rien ni personne n’aurait pu m’en empêcher. Je connais le danger, mais si on ne dit rien, si on ne réagit pas, on cautionne. Je m’appelle Tarek et mon cousin est mort il y a deux jours. Tué par l’armée israélienne.

 Nous sprintons comme des dératés, j’ai les poumons en feu. J’entends toujours le sifflet. Houmar et Aziz me devancent. Ils sont rapides. Aujourd’hui, la rue Jaffa est noire de monde en prévision du shabbat qui approche, et les passants nous gênent.  

Curieux comme mes yeux photographient tout ! Les petits commerces de prêt-à-porter bon marché vendent des tee-shirts de joueurs de football. Un vieil Arabe achète des olives et des fruits à un épicier. Devant une boutique d’électroménager, j’aperçois un couple qui entame les palabres d’une discussion commerciale. Ils sourient.

 J’accélère.

Moi, j’ai le cœur à pleurer. Nous, les jeunes Palestiniens, avons tous le cœur déchiré. Si seulement on nous fichait la paix. La cruauté est une spirale maudite, sang pour sang maudite, mais c’est notre lot quotidien.

Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu…

Le sifflet se rapproche. Faut pas penser, simplement courir. J’ai la nausée et mes pieds me font mal… mes baskets sont foutues, pourquoi j’ai pas le même modèle qu’Ussein Bolt !

Je vais m’en sortir !

Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu… Tuuuuuuuuuu…

C’est fini pour moi !

Je suis le plus lent des trois. Foutu pour foutu je décide de sauver mes amis en occupant les deux policiers qui nous pourchassent.

Je ralentis.

Ils fondent sur moi comme des rapaces en chasse. Je comprends « Sale arabe ! » et « Tu vas payer l’addition ! », puis, plus rien. À part les souffles rauques, et le bruit mat des poings contre mon corps mou. Il pleut. Une pluie drue et serrée s’abat sur ma tête, mes épaules. Je tombe. Maintenant, les matraques me brisent les côtes, les genoux. Je vomis de la bile. Je suis étonné par le peu de douleur que je ressens. Est-ce à dire que j’ai passé le mur des souffrances comme l’on passe le mur du son ? Au-delà du bang, la perception de la réalité se modifie. J’ai l’impression de flotter entre deux mondes.

Ou alors... je suis mort.

 

***

 

Paris, le 13 novembre 2015.

Tacatacatacata… Tacatacatacata… Tacatacatacata… Tacatacatacata…

Je suis au Bataclan pour le concert des Eagles of the death metal. Juste pour une bonne soirée entre potes, et voilà que des crétins nous tirent dessus. J’ai l’impression d’être un pigeon d’argile dans une baraque de tir de fête foraine.

Ça sent la poudre et le sang. Le mitraillage dure une éternité. Les projectiles fauchent sans distinction : hommes, femmes, gros, maigres, catholiques, juifs, musulmans, athées… tous basculent. À côté de moi, une fille est allongée, les cheveux dispersés en étoile. Ses yeux vides fixent le plafond. Elle ressemble à une « petite chose » prise au piège et qui n’a pas eu le temps de s’échapper.

Dans la confusion, j’entends : « Allahou Akbar [3]! »

Dieu serait-il le roi des farceurs ? Un grand barbu qui, lassé de ses jouets, envoie ses légions pour les casser ?

J’en ai assez de tout ce cirque ! Ma vie semble être un long ruban de Möbius qui repasse invariablement par la case mort violente.

Mais là je dis : « STOP ! »

Silence assourdissant.

C’est le moment.

Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais mes jambes me portent. Je cours et m’enfuie de l’enfer. Dehors il fait nuit. Je respire à pleins poumons l’air pollué de la ville. Son parfum me paraît presque suave.

J’ai enfin brisé mon ruban de Möbius…



[1] Carpe farcie.

[2] Place de Varsovie d’où s’en allaient les convois de déportation des Juifs, en 1942 et 1943.

[3] Dieu est le plus grand.

georgjensen

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15 mars 2013

Groupe de parole

 

— Bonjour, je m’appelle John et je suis ici à cause du crabe.

 

John était un homme de quarante-cinq ans, mais il en paraissait dix de plus. De taille moyenne, plutôt mince, d’aucuns diraient maigre. Son visage ne reflétait pas d’expression particulière. Ses lèvres se résumaient à un trait de crayon, ses joues creusées en cratères, le teint blafard et le cheveu rare. Seul son long nez, rouge et gonflé, tranchait avec le reste de son visage. On avait presque l’impression qu’une mauvaise fée s’était penchée sur son berceau en l’affublant de cette protubérance de nasique.

 

— Bonjour John, répondit en chœur l’assemblée, assise en cercle.

 

Composée d’hommes et de femmes venant de tous horizons et de catégories sociales variées. 

De l’employé de banque dépressif, au capitaine d’industrie parano, en passant par le serial killer à tendance schizophrène. Un point commun les rassemblait : la maladie mentale.

Réunis donc le 15 octobre 2010, au sein du département psychiatrique du Bellevue Hospital Center de New York, salle numéro 5 ; chacun était là pour écouter et exposer ses « petits » problèmes personnels.

La salle numéro 5 était décorée sans fioriture, des néons poussifs inondaient la pièce de leur lumière crue. Les murs peints en vert pisseux, couleur censée calmer les esprits, rappelaient trop l’hôpital. Le mobilier apparaissait simple, mais fonctionnel : quelques chaises en plastique blanc crasseux et une table du même genre remplissaient quasiment toute la pièce. Seul un géranium posé sur la table apportait une note de couleur.

La paranoïa, la schizophrénie, la dépression nerveuse, la bipolarité et autres joyeusetés, faisaient partie du lot quotidien de Susanna. Psychiatre de formation, elle exerçait ce métie

r depuis une vingtaine d’années. En vieille habituée des dingos, elle prenait du recul pour ne pas trop s’imbiber de la folie des autres. Elle-même se faisait psychanalyser tous les mois, pour vider son trop-plein d’émotions et garder un semblant d’esprit clair. Depuis quelque temps, elle expérimentait une nouvelle méthode thérapeutique.

 

Susanna prit la parole d’un ton neutre :

 

— Vous avez la phobie du crabe John ? Les pinces, peut-être…

— Je ne parle pas de l’animal, mais de la maladie, répondit John. Je suis atteint d’un cancer, la thérapie est douloureuse et me rend dépressif. Les médecins m’ont annoncé que j’étais en phase terminale. Trois mois à vivre, tout au plus !

 

Susanna, en bonne professionnelle, retombait toujours sur ses pattes : une vraie chatte !

 

— Je ne suis pas devin ! John. Pouvez-vous mettre des mots sur cette souffrance, John ? En parler, c’est déjà la combattre. Tout le monde vous écoute attentivement John…

 

Ce qu’elle pouvait être agaçante : avec ses John par-ci, John par là, et son ton doucereux…

 

— Je me sens évité, écarté et…

— Pourquoi cela ? John.

— Mais, bordel de merde ! Laissez-moi parler.

 

L’injure avait claqué, sèche comme un coup de pistolet.

 

— Êtes-vous atteint du syndrome Gilles de la Tourette ? John.

— Non ! – Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas élevé la voix. Je n’ai qu’une saloperie de cancer qui me ronge, et qui va me faire crever ! Je ne peux plus travailler, je me sens exclu, déchu ! Je ne sais plus vers qui me tourner.

Mon médecin m’a parlé de vous…

 

Les autres patients fixaient John, d’un air contrit, absent. Sauf Mc Murphy.

Un dénommé Brian, vêtu d’une tenue complète de Batman – en simili cuir – applaudissait en laissant échapper une langue rose et baveuse à travers l’interstice de son masque.

Alfred claquait des dents, en répétant en boucle « froid, trop froid… Je veux sortir du c

ongélo... »

Cindy, une petite femme à la cinquantaine ravagée, psalmodiait « bugs… bugs… bugs… », persuadée que son corps servait d’hôte à des insectes malveillants – un des multiples symptômes de la paranoïa.

James, employé à la Barclay’s bank pleurait en silence en se giflant… persuadé que son chef de service était un espion russe.

Georges dodelinait de la tête en maudissant ses achats de créances toxiques sur le marché à court-moyen-long-interminable terme.

Paul pointait un doigt menaçant sur chaque patient « toi, je vais te planter ; toi je vais te descendre ; toi, t’es trop bonne je vais te violer, et toi je vais t’écorcher lentement, puis j’appliquerai du gros sel » ; et il recommençait son tour de table…

Quant à Randall Mc Murphy, comme à son habitude, il se jetait au sol en pleine crise d’hystérie.

 

Susanna, après avoir renvoyé Mc Murphy à sa camisole, se concentra sur John :

 

— Vous avez frappé à la bonne porte John !

 

John reprit quelques couleurs. Sa colère avait disparu. Effrayé par le comportement des autres, il se raccrochait aux yeux de Susanna... pour ne pas sombrer.

— Ah ! merci. Je souffre tellement. Je voudrais ne plus y penser, ou du moins envisager la mort de façon positive. De toutes les façons, je n’ai plus d’attache.

— J'ai bien compris John… je vous aiderai. Vous allez mourir ; mais dignement, calmement, sans ressentiment, avec plénitude…

— Vous pouvez faire ça pour moi ?

— Bien sûr, John. Mais pour cela, je travaille en secteur libéral. Prenons rendez-vous tout de suite. Samedi en quinze, cela vous va-t-il ?

— En quinze, j’espère être encore de ce monde… Bon, j’imagine que je n’ai pas le choix, ça ira.

— Dernier détail John ; mes honoraires : cinquante mille dollars. Avouez que c’est bien peu, pour gagner la sérénité éternelle.

 

John, l’homme au teint cireux restait muet. Il avait encore pâli. La bouche ouverte, les yeux vitreux… il venait d’essuyer une attaque cardiaque foudroyante !

 

— Et voilà John, le cancer ne vous fera plus souffrir. Vous êtes parti pour de plus verts pâturages…

Applaudissez ! Vous autres.

 

L’assemblée, qui n’avait rien écouté... ni rien compris, applaudit mécaniquement sous son injonction.

 

— Bien. De qui vais-je m’occuper maintenant ?

Elle arrêta son regard sur sa proie suivante.

 

— Oh ! Cindy, j’ai vu des mouches entrer dans votre bras gauche. Qu’est-ce que ça fait ? Pouvez-vous mettre des mots sur cette souffrance, Cindy ? En parler, c’est déjà la combattre. Tout le monde vous écoute attentivement Cindy…

 

 

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14 mars 2013

Les chroniques fielleuses de Hyde : La journée internationale des droits de la femme.

 

 

— Alors Mr. Hyde, content de cette journée internationale des droits de la femme ?

— Pensez donc, ravi !

— J’en suis fort aise. Si je puis me permette, le ravi vous va à ravir.

— Venant de vous Jekyll, je prends cela comme un compliment. Du reste, on s’est assez battu pour nos droits, Jack et moi. Jusqu’à se syndiquer…

— Jack ! Mais qui est Jack ?

— L’éventreur… Jack l’Éventreur.

— Mais tudieu, quel est le rapport avec cette journée bénie des dieux ?

— Le rapport ? Mais il est direct : pour nous, c’est la journée internationale du repos des tueurs en série de femmes ! Vous comprenez, y’en a marre des cadences infernales. Vas-y que j’t’étripe, vas-y que j’t’éviscère… Nous aussi on a droit aux RTT ! En plus le 20 mars c’est la journée internationale sans viande, encore du congé.

— Vous êtes un être abject Hyde ! On parle ici de la Femme, nos mères, nos sœurs, nos...

— Mémés ? J’aime bien les mémés, c’est un peu mon faisan faisandé à moi… ma madeleine de Proust.

— Tout à fait, ça implique aussi les mémés, mais pas sous cette forme, grossier personnage ! Vous êtes la lie de l’humanité ! Je vous parle de femmes, « La Femme » cet être si doux, dont on ne peut se passer : l’essayer, c’est l’adopter.

— Attention Mein Doctor ! Là vous faites une pub pour de l’adoucissant ! Moi, je respecte l’outil de travail. Vous, vous en faites de la réclame comme un vulgaire produit.

— Non, impossible ! J’aime trop les femmes. Ces êtres sensibles et tendres…

— J’vous le confirme pour la tendresse. L’autre jour j’ai mangé ma femme… un délice. Du beurre en tranches. Et la cervelle ! Légère, aérienne, facile à digérer…

— Immonde… vous avez mangé votre femme ! Mais ce n’est pas bien ça… voire carrément illégal ! Vous êtes un hors-la-loi !

— C'est pas faux… mais c’est tellement bon avec un petit Pétrus… Allez, avouez que vous en rêvez aussi !

— Pas du tout, moi les cannibales et le cannibalisme, ce n'est pas ma tasse de thé.

— Mais, non d’un petit écorché vif ! Vous commettez le délit de sectarisme. Vous foulez au pied le droit intangible des cannibales à se nourrir.

— Moi ! Sectaire… absolument pas ! J’ai d’ailleurs un excellent ami anthropophage et… Mais pourquoi je dis ça moi ?

— Parce que vous n’aimez pas les femmes. Si vous les aimiez, vous les mangeriez ! L’autre jour j’ai rencontré la femme chocolat…

— Laissez-moi deviner.

— Elle était grosse, elle avait un air de parenté avec la vache Milka… il a fallu s’y mettre à plusieurs…

— Oui, oui... j'ai bien compris. Arrêtez là vos horreurs ! Je vous rappelle que les femmes sont des hommes comme les autres. Elles ont une âme, Monsieur le sadique !

— Une âme, c’est vite dit… Je vous rappelle qu’en 585, un concile s’est tenu à Mâcon pour trancher cette question… une voix d’écart en faveur de la femme !

— C’est une légende inventée de toute pièce ! Une simple question de grammaire. Cela gênait l’évêque Grégoire de Tours que l’on dise les « hommes » pour désigner aussi bien les femmes que les hommes. Pourtant l’article paru dans la Genèse le 2 mars – 4,5 millions d’années av. J.-C. est limpide : « Dieu créa l’homme mâle et femelle, appelant du même nom, homo, la femme et l’homme. »  D’autre part en latin, « homo » signifie : créature humaine.

— Homo ! Créature humaine ! Alors mon beau-frère qui s’est pacsé la semaine dernière avec le facteur est une créature humaine… j’suis scié !

— Ne mélangez pas tout, aujourd’hui je vous parle des femmes. Elles ont gagné notre respect ! Elles ont remplacé l’homme à l’usine pendant la Première Guerre mondiale, elles ont obtenu de haute lutte le droit de vote. Elles font des études, travaillent, obtiennent des postes à responsabilité : voyez Margaret Thatcher, Angela Merkel.

— En plein délire le bon Jekyll ! C’est pas des femmes !

— Et vous espérez faire rire avec cette blague pitoyable ? Cet antiféminisme primaire ? Attention, Hyde, vous êtes sur la mauvaise pente...

— Je sais, vous me l’avez déjà dit la semaine dernière. Bon en tout cas, maintenant elles cumulent les soucis de femme aux soucis d’homme. Un patron insupportable au bureau… un patron insupportable à la maison !

— C’est vous qui êtes insupportable !

— … les problèmes de réunions, d’objectifs, de stress, de chômage, cumulés aux problèmes ménagers… Ah ! je me marre… Non ! je vous le dis : cela ne peut plus durer ! Moi, je suis pour une véritable amélioration de la condition féminine !

— Enfin, vous y venez. Vous n’êtes pas un mauvais bougre finalement.

— Merci, votre Sainteté. Mon programme tient en trois points : je propose qu’on agrandisse les cuisines, qu’on baisse les éviers, et qu’on isole mieux les manches de casserole…

— Décidément ; vous êtes un sale macho réactionnaire et fasciste !

— Ouais, et vous un connard gaucho révolutionnaire en ballerine ! Vous avez du fromage à la place du cerveau. Même votre femme, vous la calculez pas ! C’est bien simple, vous n’avez qu’à coucher avec elle ce soir… et vous ferez trois cents cocus !

— Bon, manifestement je ne vous convaincrai pas. Vous êtes campé droit dans vos bottes de mâle (il n’y a pas de contrepèterie), vous ne comprenez rien à rien. En fait, vous êtes un has-been. Vous n’arrêterez pas le train du progrès Monsieur l’ignoble… Avouez, mais avouez donc que vous ne les aimez pas.

— Mais pas du tout ! J’ai même mon modèle de femme idéale : une jolie blonde à forte poitrine, nymphomane, sourde et muette, qui a perdu sa mère et dont le père tient une boîte de strip-tease. Vous voyez, moi aussi je sais être fleur bleue quand je le veux !

— Hors de ma vue Hyde ! J’en ai fini avec vous !

Ouf ! Enfin seul dans l’intimité « Facebookienne ». J’en profite pour condamner les propos de ce fou à l’esprit éclairé. Pour nous remettre un peu de nos émotions, chers amis, je vous quitte sur le dicton du jour : « La femme est l’avenir de l’homme, ce qui implique a fortiori que l’homme est le passé de la femme… Pour le présent, faites comme vous le sentez ». Je vous laisse méditer là-dessus, en 400 mots maximum…

Bonjour chez vous.

jamesnesbitt-1zlaqkn

13 mars 2013

Les chroniques fielleuses de Hyde : relatif au concours littéraires

Aujourd'hui, dialogue en forme de tringle, relatif aux concours littéraires.

 

Alors Mr. Hyde, content de ce dernier concours de la maison verte ?

— Ah ! je suis vénère... Jekyll... cet abruti de Jekyll n'a pas voulu poster sa participation. Déjà qu’il a bâclé son texte pour wehatewords.

— Bâcler ? Cela ne ressemble pas à ce cher docteur.

— Si, comme je vous le dis ! Les consignes étaient pourtant claires : 35 000 signes maxi pour décrire l’évolution de la civilisation judéo-chrétienne à partir de Jésus, jusqu’à maintenant.

— Mais, c’est totalement impossible !

— Herr Doktor s’est endormi sur le clavier… il a posté un brûlot de 150 000 signes.

Admirez donc le début : Au troisième jour il okfpa $ okf $ ofk $ fok $ opfk $ of $`fo kf, afjîe&-éà@ $ mejfnpjenfp &^fm » pibpfiu… magnifique n’est-ce pas ? S’il s’en était tenu aux consignes, il aurait été publié. Ah… le con !

— Oh, comme c'est dommage... Il faut continuer à écrire et à participer. C'est très stimulant, vous devriez essayer, cela vous ferait du bien.

— Du bien ? Mais moi je recherche le mal, le lucre, le stupre, je suis une langue de VIP ! On gagne quelque chose à ce concours de la maison colorée ?

— Tout à fait... la reconnaissance. La maison verte est lue par des millions… des milliers... des centaines... enfin des gens quoi, des auteurs.

— Alors c'est pour moi je suis un auteuuuuuur ! D'ailleurs cette andouille de Jekkyl aurait dû me demander de l'aide.

— De l'aide ? Mais ce concours est libre, très ouvert d’esprit...

— Ah oui, pour sûr mon Milord. Tellement ouvert... le bon docteur aurait adoré ! Lui qui était toujours hors sujet en rédaction. Et en plus pas fortiche en orthographe...

— ?

— Vous non plus, vous ne comprenez rien ? Faut que je fasse tout le boulot dans cette interview ! Je vous explique le truc : prenez un texte qui n'a rien à voir avec le sujet, placez-y habilement le mot thème du concours, quelques fautes, et le tour est joué !

— Non, impossible ! Le comité de lecture veille au grain.

— Ah oui... comme la commission d'agrément AOC, qui a accordé son agrément en 1991 à une cuvée de raisins pourris appelée joliment : « Pouilly fumé quintessence de mes roustons ». Son créateur, Didier Daguenau avait juste fait ça pour le fun. Oh, il ne les a jamais vendus ses bouteilles... mais les a « données » pour le prix symbolique de 15 centimes d'euro.

— Vous êtes hors sujet Hyde. Je dirais même plus, vous êtes une langue de pute !

— C'est pas faux… mais avouez que ça fait du bien dans ce monde aseptisé et à la pensée orientée. Pour en revenir au concours, j'ai ouï dire (un ennemi d'un ennemi) que le prochain thème porterait sur : « Alzheimer », en moins de  400 mots. 

— Mais, voilà qui ouvre le champ des possibles…

— Of course, Sa Seigneurie : sujet facile... Pour ma part, je vais le traiter en cinq mots !

— Un peu court peut-être ? 

— Vous rigolez ! Mon texte est novateur et puissant, je cite : « Oh, Alzheimer... bite, poils, couilles ». Cinq mots répétés en boucles 80 fois, soit 400 mots.

— Mais ! Non d’une pipe en bois, quel est rapport avec Alzheimer ?

— C'est pourtant simple.

Je place Alzheimer dans la phrase et le reste est sujet à l’interprétation du lecteur. Certains y verront l'histoire de Rocco Septfreddy qui a tout oublié sauf...

— Oui, oui... j'ai bien compris. Arrêtez là vos horreurs !

— D'autres retiendront le côté ordurier, en se disant « au moins j'aurais une bonne raison pour oublier de sortir les ordures... » Vous saisissez le rapport subtil : ordurier, ordure... J’ai de bonnes chances de l'emporter avec ça, je pense.

— N'importe quoi ! Et vous espérez être sélectionné avec ce texte pitoyable. Attention, Hyde, vous êtes sur la mauvaise pente...

— And so what !  Je mise pour l’originalité. Le sujet grave de cette maladie est comme qui dirait... dépoussiéré, mis au goût du jour... J'ai une règle simple : ce que le comité de lecture de la maison multicolore veut... je le lui donne. D’ailleurs un des prochains sujets est hautement philosophique.

— La philosophie, j’adore ça… surtout le matin avec mon œuf coque.

— Je vous donne Votre Sainteté : les conséquences du théorème de Brad Pythagore sur les droits de la femme.

— Là je sèche ! Le sujet n’est pas dans mes cordes à piano. Que voulez-vous Hyde on ne peut pas écrire sur tout, à la commande ! Comme une poule pond…

— Moi si. Je « contrepèterai » : les droits de la femme, l’effroi de la dame… ça se tient ! Oh, et puis ses droits… – nom d’un p’tit cadavre en boîte ! – ils se réduisent à la commémoration de la journée du 8 mars et puis c’est tout !

— Cela ne se passera pas comme ça ! Je vais vous empêcher de nuire !

— Ouais… en attendant, je vais écrire une petite histoire d'avance, moi. Sur le thème des tournantes en banlieue, ça m’inspire... Ce serait l'histoire de Blanche-Neige et des sept...

— Bon, j'arrête les frais avec vous. Vous êtes incorrigible, vous ne respectez rien, ni personne ! L'interview est terminée ! La maison verte est une institution digne, vous ne la salirez pas, ignoble monstre ! Le train de vos saletés roule sur les rails savonneux de mon indifférence !

— Tiens, en parlant de rail, ça vous dirait une petite ligne... en direct d’un pote à moi qui bosse à la Maison-Blanche ?

— Hors de ma vue Hyde ! J’en ai fini avec vous !

 

Ouf ! enfin seul dans l’intimité « Facebookienne ». J’en profite pour condamner les propos de ce fou à l’esprit éclairé. Pour nous remettre un peu de nos émotions, chers amis, je vous quitte sur le dicton du jour : « La politesse est la forme la plus acceptable de l'hypocrisie ». Je vous laisse méditer là-dessus, en 400 mots maximum…

Bonjour chez vous !

jamesnesbitt-1zlaqkn

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